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Friday 26 August 2016

Renseignements personnels de l’employé : l’arbitre de griefs doit partager sa compétence

Par Suzie Bouchard

Dans un arrêt du 19 août 2016[1], la Cour d’appel, infirmant les décisions  de la Cour du Québec et de la Cour supérieure, rétablit la compétence de la Commission d’accès à l’information (la « CAI » ou la « Commission ») quant à une demande d’accès à des renseignements personnels formulée dans le cadre d’une relation de travail. L’Honorable juge Saint-Pierre confirme que l’arbitre de griefs n’a compétence pour appliquer la LPRPSP que lorsqu’il est « valablement saisi d’un grief qui se rattache à l’application ou l’interprétation de la convention collective »[2].

À l’origine de cette affaire, le mis-en-cause avait demandé à son ancien employeur de lui communiquer des extraits de son dossier personnel en vertu de l’article 27 de la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé[3] (la « LPRPSP »). Cette demande survenait un an après la signature d’une transaction entre les parties, réglant de façon définitive un grief pour harcèlement psychologique déposé deux ans auparavant par le mis-en-cause. La demande d’accès visait le dossier constitué par l’intimée dans le cadre de son enquête sur ce grief, notamment l’expertise médicale obtenue au soutien de cette démarche.

L’employeur ayant refusé l’accès, le mis-en-cause a d’abord soumis à la CAI une demande d’examen de mésentente en vertu de l’art. 43 de la LPRPSP. L’intimée soulevait alors, au surplus de moyens de défense substantifs fondés les articles 39(2) et 40 de la loi, un moyen préliminaire contestant la compétence de la CAI au profit d’une compétence exclusive de l’arbitre de griefs.

S’attribuant compétence exclusive pour déterminer l’issue de la mésentente, la CAI accueille la demande d’accès de l’employé dans sa majeure partie. La conclusion au regard du moyen préliminaire est toutefois renversée par la Cour du Québec siégeant en appel de la Commission. Le juge de la Cour du Québec estime que la Commission s’est méprise dans son interprétation  de l’arrêt Hydro-Québec[4], lequel confère, selon lui, une compétence exclusive à l’arbitre de griefs pour tout litige envisagé par la convention collective. Ce raisonnement est entériné par la Cour supérieure en révision judiciaire. Notons que l’application de la norme correcte dans le cadre de la révision ne fait l’objet d’aucun débat.

Saisie strictement du moyen préliminaire, la Cour d’appel accueille l’appel de la CAI et conclut à une compétence concurrente des instances administratives concernées. Elle estime qu’en l’espèce cette compétence a été valablement exercée par la Commission et que la décision doit donc être renvoyée à la Cour du Québec afin que celle-ci se penche sur les autres moyens d’appel que lui avait soumis l’intimée.

L’Honorable juge St-Pierre (j.c.a.) procède d’abord à quelques remarques préliminaires qui, bien qu’elles ne fondent pas directement ses conclusions, viennent appuyer son raisonnement. Elle rappelle que la LPRPSP protège des droits fondamentaux, dont la vie privée, la dignité et l’autonomie, et jouit conséquemment d’un caractère quasi-constitutionnel. Cet objectif législatif semble déjà militer en faveur d’une compétence partagée de l’arbitre de griefs, sa compétence exclusive ne se présumant pas quant à l’application d’une loi particulière.

Elle souligne également que dans sa lettre de  refus d’accès, l’intimée informait le mis-en-cause de son recours devant la CAI[5], sans toutefois mentionner la possibilité de soumettre un grief. Il est effectivement difficile de concilier cet avis initial et la position prise subséquemment par l’employeur quant à l’absence de toute compétence de la CAI.  Une fois de plus, cette contradiction suggère au minimum  une compétence concurrente.

La Cour d’appel étaye ensuite son raisonnement central. D’une part, la Cour n’est pas d’avis que l’arrêt Hydro-Québec supporte la proposition d’une compétence exclusive en la matière :

[79]        Pour nier à la CAI toute compétence en l’espèce, la Cour supérieure et la Cour du Québec ont pris appui sur l’arrêt Hydro-Québec retenant que la Cour y aurait établi le principe que l’arbitre de griefs a, en semblables matières, une compétence exclusive. Je ne partage pas ce point de vue.
[80]        À la lecture du paragraphe 25 de cet arrêt, je constate que la Cour a écarté l’idée voulant que « le législateur entendait conférer à la C.A.I. une compétence totale et exclusive sur toute question touchant directement ou indirectement l'accès aux renseignements nominatifs » de nature à priver l’arbitre de griefs de toute compétence, malgré des dispositions spécifiques de la convention collective en ces matières. Elle n’y affirme pas, cela dit, que l’arbitre de griefs constitue le forum exclusif en toutes circonstances.
[81]        Puisque la convention collective qui s’appliquait au salarié contenait des dispositions sur la rectification des renseignements personnels détenus par son employeur (Hydro-Québec) et que, de surcroît, c’était elle qui prévoyait que les renseignements dont le salarié et son syndicat demandaient le retrait étaient périmés, la Cour a conclu que l’essence du litige en était, alors, indissociable.

D’autre part, elle conçoit différemment la nature de la demande initiale. C’est là le nœud du débat. Reconnaissant implicitement une compétence partagée – et non une compétence exclusive comme le concluait initialement la CAI-, la Cour d’appel s’engage dans l’exercice de détermination de l’essence du litige, conformément aux enseignements de la Cour suprême. En effet, les arrêts  Weber[6] et Morin[7], établissent l’analyse en deux étapes permettant de qualifier un litige aux fins de l’attribution de compétence. Il s’agit d’examiner d’abord les dispositions pertinentes (notamment celles du Code du travail[8] et de la convention collective en l’espèce) afin de délimiter ce qu’elles envisagent pour ensuite s’attarder au contexte factuel et vérifier s’il s’y insère. Cette seconde étape permet d’assurer, pour reprendre les termes de la Cour, une adéquation optimale entre le tribunal et le litige dont il est saisi.

En l’espèce, alors que les tribunaux de première instance s’estimaient saisis d’une problématique de harcèlement psychologique en milieu de travail, laquelle était prévue par les dispositions de la convention collective traitant de santé et sécurité, la Cour d’appel y voit un litige portant strictement sur l’accès aux renseignements :

[87]        L’essence du litige ne concerne pas l’application ou l’interprétation de la convention collective, expressément ou implicitement, mais l’exercice d’un droit spécifique énoncé à une loi quasi constitutionnelle qui confère à la CAI une compétence exclusive pour trancher toute mésentente.
[88]        Je ne peux partager la conclusion voulant que l’essence du litige se rapporte à une problématique de harcèlement. S’il y a litige, c’est parce que l’intimée a refusé d’accorder à son salarié l’accès à un document qu’elle détient et qui contient des renseignements personnels qui le concernent. La problématique de harcèlement psychologique, à laquelle les parties ont mis fin définitivement l’année précédente (en 2007), n’est rien de plus que l’occasion de la cueillette des renseignements.
[89]        Pour identifier l’essence du litige, il n’était pas à-propos de s’en remettre, comme l’ont fait la Cour du Québec et la Cour supérieure, au lien qui unissait les renseignements personnels recherchés et la problématique de relation de travail au cours de laquelle ils avaient été recueillis (harcèlement psychologique). Ce qu’il fallait analyser c’était le lien qui existait entre ce qui opposait le mis en cause à l’intimée (avoir accès ou non aux renseignements) et la compétence de l’arbitre de griefs.

                                                                                        [Références omises]

L’intimée plaidait, subsidiairement, que la problématique stricte d’accès aux renseignements était elle aussi envisagée par la convention collective, plus particulièrement par les articles délimitant le pouvoir de gérance de l’employeur. La Cour estime cette proposition douteuse et conclut que de telles dispositions d’ordre général ne sauraient soutenir une compétence exclusive.[9]
L’attribution de cette compétence concurrente dépend donc des trames factuelles. Pour conclure à la compétence de l’arbitre de griefs, il faut correctement définir la question qui lui est soumise et s’assurer que celle-ci relève réellement de l’application ou de l’interprétation  de la convention collective.








[1] Commission d’accès à l’information du Québec c. Arcelormittal Montréal Inc., 2016 QCCA 1336 (la «Décision »)
[2] Décision, para 92
[3] RLRQ, c. P-39.1
[4] Commission d’accès à l’information c. Hydro-Québec, [2003] R.J.Q. 3098 (C.A.)
[5] Conformément à l’article 34 de la LPRPSP.
[6] Weber c. Ontario, [1995] 2 R.C.S. 929
[7] Québec (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse) c. Québec (Procureur général) c. Québec [2004] 2 R.C.S. 223
[8] RLRQ, c. C-27.
[9] Décision, para 67.

Friday 19 August 2016

“All for one, and one for all!”

By Kurt Johnson


The Montreal Canadiens garner much attention in this province, and contribute meaningfully to the social fabric and flare of our fair city. But who would have thought that the Habs, albeit indirectly, might somehow contribute to the development of the civil law of Quebec? If I’ve caught your attention, then read on!

*************

On April 21st 2008, the Canadiens defeated their long-time rival, the Boston Bruins, in the opening round of the Stanley Cup play-offs. As delighted fans poured out of the Bell Centre, an atmosphere of joy and revelry spread across the city. Sadly, it did not take long for the climate to turn from joy to destroy, and a nasty riot took hold in the downtown core.

Among other things, rioters vandalised and destroyed 15 SPVM police cruisers. After the dust settled, the SPVM conducted a thorough investigation and the City of Montreal eventually brought 6 civil suits against 18 individuals that had been identified as contributing to the loss of the damaged or destroyed cruisers.

The cases were joined and in June 2014, the Court of Quebec found the various defendants liable for the losses claimed by the City, but refused to endorse the City’s position that they should be condemned on a solidary basis. The City appealed on the latter point, and the Court of Appeal released its decision on June 14, 2016 (City of Montreal v. Lonardi, 2016 QCCA 1022).

The question before the Court was framed and then refined in the following manner:

[4] Celui qui endommage des biens, à l’occasion d’une émeute, doit-il être tenu solidairement responsable des dommages causés par les autres émeutiers sur ces mêmes biens, en plus des dommages causés par sa propre faute, ou chacun ne doit-il être tenu qu’aux dommages qu’il a lui-même causés lorsque ceux-ci sont identifiables et quantifiables? (…)

(…)

[11] La question centrale qui se pose est donc de déterminer si chacun des intimés ayant causé des dommages à une auto-patrouille doit être tenu solidairement responsable, avec d’autres intimés l’ayant aussi endommagée, de l’entièreté du préjudice subi par la Ville. De façon plus spécifique, y a-t-il lieu ici d’appliquer l’article 1480 C.c.Q. ou l’article 1526 C.c.Q. qui, tous deux, prévoient la solidarité en certaines circonstances?

Justice Marie-Josée Hogue agreed with the lower Court, and put the brakes on the City’s aggressive interpretation of Art. 1480 CCQ, one whereby solidarity would apply in any situation where multiple persons participate in a “fait collectif fautif” that causes prejudice. To the extent the defendants were active participants in the riot, by definition a “fait collectif fautif”, they should be held solidarily liable for the damage which ensued, argued the City.

Justice Hogue was not biting. She first noted that the trial judge had found, as a matter of fact and based on extensive video footage, that each defendant had committed individual faults which caused distinct and identifiable damage(s) to the various police cruisers. Armed with that finding, Justice Hogue concluded that it would be inappropriate to impose solidary liability on the defendants, recalling that solidarity is an equitable concept of exception, one that is never presumed.

Anchoring her conclusion in the fundamental compensatory role of civil liability under Quebec civil law, Justice Hogue reasoned as follows:

[45] Je rappelle que le régime de responsabilité civile québécois a un caractère compensatoire. Il vise à indemniser la victime du préjudice qu’elle subit. Celle-ci ne doit ni s’enrichir ni s’appauvrir, mais bien être intégralement indemnisée. Ce caractère compensatoire a aussi comme corollaire que la personne fautive est tenue de réparer le préjudice qu’elle a causé à la hauteur de celui-ci. Elle ne doit pas, règle générale et exception faite des dommages punitifs auxquels elle peut être condamnée, être tenue de verser plus que ce qui est nécessaire pour compenser le dommage qu’elle a causé.

It is in light of that overriding compensatory purpose of civil liability that Justice Hogue then went on to consider how best to interpret Art. 1480 CCQ, which codified an exception to the general principle. She saw the City’s position this way:

[52] La proposition de la Ville présuppose que le législateur a voulu étendre la solidarité à des situations où l’une ou l’autre des parties est en mesure de faire la preuve du lien de causalité entre chacune des fautes et une fraction du dommage, mais où il serait néanmoins commode ou plus avantageux pour la victime de bénéficier d’une condamnation solidaire à l’encontre de chacun des fautifs.

Justice Hogue was unconvinced. She concluded her analysis in this way:

[54] En adoptant l’article 1480 C.c.Q., le législateur a tout simplement voulu codifier la jurisprudence, incluant celle recourant au concept d’aventure commune qui est maintenant qualifié de fait collectif fautif. Or, rappelons que ce concept n’était utilisé par les tribunaux que lorsqu’un seul dommage avait été causé, sans possibilité de démontrer la fraction de ce dommage causée par chacun des participants.

[55] Le législateur a d’ailleurs pris soin de préciser, au dernier membre de l’article 1480 C.c.Q., que la solidarité peut être imposée lorsqu’il n’est pas possible de déterminer quelle faute a causé le préjudice (« sans qu’il soit possible, dans l’un ou l’autre des cas, de déterminer laquelle l’a effectivement causé/and where it is impossible to determine, in either case, which of them actually caused the injury »). Ce faisant, je suis d’avis qu’il a manifesté son intention de ne pas rompre avec la jurisprudence antérieure et de n’imposer la solidarité que lorsque cela est nécessaire pour éviter une injustice pour la victime.

(…)

[60] Cette interprétation, de plus, me paraît davantage conforme à l’esprit de notre système de responsabilité civile qui vise à indemniser la victime plutôt qu’à punir la personne fautive. Les exceptions au principe général voulant que l’on ne soit responsable que du dommage causé doivent, selon moi, être limitées aux situations où elles sont nécessaires pour prévenir une injustice, à moins évidemment que le législateur en décide autrement et qu’il ne l’exprime expressément et de façon non équivoque.

[61] L’article 1480 C.c.Q. ne constitue pas, à mon avis, l’expression claire et non équivoque du législateur de permettre de tenir solidairement responsables ceux qui participent à un fait collectif fautif alors même qu’il est possible de démontrer le dommage ou la partie du dommage causé par chacun d’eux.

Despite how deplorable the defendants’ actions may have been, in the end Justice Hogue found no anchor in the civil law that would allow her to extend the equitable concept of solidarity, something which of course would have greatly benefited those who suffered losses in the riot.

[64] (…) Notre régime général de responsabilité civile est un régime compensatoire et il n’est pas approprié de lui donner un caractère punitif ou dissuasif pour la simple raison que les fautes commises sont particulièrement graves ou encore parce qu’elles sont commises à l’occasion d’un évènement collectif déplorable. (…)

*************

As important as this decision may be to our collective understanding of the concept of solidarity, the next time the Canadiens advance in the Stanley Cup finals, let’s all try to enjoy the experience out of court.

Go Habs Go!


Friday 12 August 2016

The Search for Truth… with the assistance of maps




By David Grossman



Preparing for trial can be difficult for witnesses. The nature of the legal system is such that trials will usually take place years after the events in question occurred, and witnesses’ memories are not frozen in time. Witnesses may meet with counsel to prepare, but testimony is not a prepared speech.



At the same time, testimony is not a closed book quiz either.



As a result, witnesses may sometimes bring notes with them to trial. Such notes are not prohibited, and could assist witnesses in recalling certain events. The drawbacks of bringing notes, however, are twofold: first, the fact the witness is relying on prepared notes may affect her credibility and the impression the judge has of her testimony; second, the notes themselves become fair game to opposing counsel.



Notes prepared in connection with trial are normally protected by litigation privilege, which creates a confidential space for litigants to prepare their cases without fear of discovery by the other side: see Blank v. Canada (Minister of Justice), 2006 SCC 39. But when a witness makes use of them on the stand, that privilege is lost. The question then becomes where the line is drawn between privileged and unprivileged materials. Justice Suzanne Ouellet of the Superior Court of Québec was seized of this question in Boulaine v. Canada (Attorney General), 2015 QCCS 6582.



A witness referred to notes in the context of a discovery examination. The notes referred to various paragraphs of the proceedings, but references to paragraph 15 of the motion to institute proceedings were removed. Opposing counsel wanted to obtain a copy of the removed comments in connection with paragraph 15.



Ouellet J.C.S. referred to the principle that notes used by a witness lose their privileged status, and opposing counsel gains the ability to cross-examine the witness on the notes. However, it is only the substance of the note that is covered by this rule. A witness who deliberately excludes certain subjects from her notes will not be said to renounce privilege on those subjects. The objection to disclosure of comments in connection with paragraph 15 was therefore maintained.



The holding in this case followed from the premise that the notes used by the witness were complete in themselves, as they were the only notes consulted by the witness. This situation can be contrasted with one where a party engages in incomplete or selective disclosure of privileged material, giving the Court an incomplete picture of events.



In Pop v. Boulanger, 2016 QCCS 2728, Justice Chantal Corriveau recently repeated the applicable principles in such a situation. Where there is renunciation, the renouncing party cannot unilaterally determine its scope in a manner advantageous to her. Citing the Supreme Court, Corriveau J. explained that where there is a renunciation, the Court has the obligation to ensure that “tous les documents pertinents” are revealed.



Corriveau J.C.S. also referred to a decision by Justice Joël Silcoff, confirming that a party cannot “cherry pick” which materials to disclose and which materials to exclude, in a manner that may give an incomplete picture to the Court. In that case, Silcoff J.C.S. held that a party cannot draw a line at a certain point-in-time and declare that privileged communications before that date are renounced, but privileged communications thereafter should remain protected. If the whole story includes communications that may have been exchanged subsequently, the Court will not adhere to the line that the renouncing party drew.



The takeaway from the foregoing is that the rules of disclosure and evidence are ultimately meant to support a system where truth and fairness prevail. A witness will not be prohibited from relying on notes, but equally, the witness will not be able to hide them from the opposing party. A witness can renounce privilege on some but not all documents, but equally, the witness will not be able to do so in a manner that tells only half the story.



So you can bring a map to court to help search for the truth. But you’ve got to be ready to share.



Friday 5 August 2016

Corporations' right to counsel of their choice



A director has retained and worked closely with a lawyer on the corporation's behalf in the past. Can that fact be used to disqualify the same lawyer from representing the corporation in legal proceedings against the now former director?

No, answers the Court of Appeal in Corporation de services des ingénieurs du Québec/Réseau IQ v. Indelicato, 2016 QCCA 1087.

In 2005, Mr. Indelicato was the president of Réseau IQ. He retained the services of Me Grenier, on behalf of Réseau IQ, to draft and negotiate an employment contract with its then Director General. In 2009, Réseau IQ hired Mr. Indelicato as its new Director General, without the involvement of Me Grenier or other legal counsel. Nonetheless, the employment contract signed by Mr. Indelicato drew heavily on the one drafted by Me Grenier in 2005.


Following his dismissal in 2012, Mr. Indelicato sued Réseau IQ for insufficient notice of termination of employment. Réseau IQ retained the services of Me Grenier's firm to represent it in the proceedings.

Mr. Indelicato sought to disqualify Me Grenier from acting for Réseau IQ. He pleaded that he intended to testify about conversations he had with Me Grenier on the juridical effects of the 2005 contract, and, by extension, his own contract.

The first instance judge granted the Motion for Disqualification, holding that there was sufficient overlap between the pre-existing relationship between the two men and Me Grenier's mandate in the file. According to the first instance judge, Me Grenier should be disqualified since he was privy to confidential communications and since he would be likely called to testify at the trial.

The Court of Appeal disagrees with this reasoning.

Justice Mainville, with the agreement of justice Forget, reminds the reader that the right to be represented by one's counsel of choice should only be limited for compelling reasons. Here, finds the Court of Appeal, no such compelling reasons were presented.

Justice Mainville explains that the fact that Mr. Indelicato was Réseau IQ 's mandatary does not entail that Mr. Indelicato became Me Grenier’s client. The client was Réseau IQ, acting, as all corporations do, through its representative. That legal opinions were transmitted to Réseau IQ by the intermediary of Mr. Indelicato does nothing to alter the effects of professional secrecy in this case.

Because Mr. Indelicato was Réseau IQ's mandatary, he was bound by a duty of confidentiality. However, this duty of confidentiality does not confer immunity from judicial disclosure.

On the other hand, professional secrecy, as protected by s. 9 of the Quebec Charter, does confer immunity from judicial disclosure. In matters of the professional secrecy of lawyers, the immunity from judicial disclosure extends not only to the lawyer but also to those who receive his or her opinions as the client’s mandatary, here, Mr. Indelicato.

Therefore, neither Me Grenier nor Mr. Indelicato could testify to the legal opinions provided by Me Grenier unless Réseau IQ waived professional secrecy. With no indication that such a waiver would be given, there were no compelling reasons to disqualify Me Grenier.

Justice Bélanger would also have dismissed the appeal, based on the fact that the integrity of the trial did not appear to be threatened by the debate as presented.

This decision serves as a useful illustration of the oft-repeated principle that the right to professional secrecy belongs to the client. This is true even when, as is the case here, the client is a corporation acting through a representative whose interests later diverge from its own.